Des maisons construites qui tiennent compte des matériaux adaptés à l’écosystème, à l’ensoleillement, à la pluviométrie et à la ventilation… Il y a longtemps que la chose est devenue rare sous nos cieux. Il n’est plus tenu rigueur à l’orientation, parce qu’on sait, de toutes les façons, que pour le confort et contre la chaleur, on peut faire usage du climatiseur ou du ventilateur. Les maisons, surtout celles des agglomérations urbaines sont donc illustrées par l’utilisation du ciment et de la tôle ondulée. Une telle maison, dans un contexte de changement climatique, risque de ne pas être confortable. L’Association de la Voûte Nubienne propose une technique qui prend en compte le climat et ses conséquences.
Didier Hubert MADAFIME, Cotonou
Cécilia Rinaudo, la Directrice Adjointe de l’Association de la VoûteNubienne était à la COP 23 qui a eu lieu à Bonn en Allemagne du 6au 17 novembre 2017. Accompagnée de la responsable du développement de ladite Association Amarys Preuss, elle était allée faire la promotion de la Voûte Nubienne. L’endroit était idéal parce qu’il était question des changements climatiques et surtout de ses menaces. Et au-delà des autres secteurs, le bâtiment est aussi celui qui sera davantage touché par le phénomène. Dans ce contexte précis d’économies menacées par des dépenses excessives en énergie, écrit Djossê Léobard Houénou, dans son ouvrage « Design7 : Architecture africaine, de la tradition à la modernité », il devient nécessaire d’imaginer des solutions innovantes qui prennent en compte nos réalités climatiques.
De quoi s’agit-il en fait ?
La Voûte Nubienne est une technique de construction ancestrale originaire de Nubie, au Sud de l’Egypte et du Nord du Soudan, inconnue en Afrique de l’Ouest, qui n’utilise ni le bois, devenu rare, ni la tôle, chère et inconfortable. Réalisée principalement en terre crue, matériau largement disponible, la Voûte Nubienne est une solution d’habitat adaptée, qui évite l’utilisation des ressources ligneuses, répondant aux usages privés et communautaires, en milieu rural comme en ville. C’est ce que propose l’Association la Voûte Nubienne pour plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest à savoir : le Burkina-Faso, le Mali, le Sénégal et le Bénin. Il est tout à fait adapté au climat du Bénin surtout au nord, souligne Cécilia Rinaudo. « Là, on est sur un climat sec où il va faire très chaud, renchérit Madame Rinaudo qui estime que c’est une technique de construction entièrement en terre crue qui permet la réalisation de bâtiment durable, écologique ». On ne va pas utiliser du bois, de la tôle ni du ciment.
Une innovation en matière de construction
La seule chose utilisée ici, ce sont des briques en terre crue séchée au soleil pour le mur et la toiture. La propriété de la terre va donner une qualité thermique très importante, une énergie passive très importante. « Quand il va faire chaud ou froid à l’extérieur constate la Directrice Adjointe de l’Association la Voûte Nubienne, le bâtiment va être très confortable. C’est très important dans le contexte des changements climatiques. Encore plus important également avec l’augmentation des évènements climatiques violents, des vents de plus en plus violents ». De plus, le bâtiment de la Voûte Nubienne va être aussi résistant aux pluies. Donc, c’est tout à fait adapté au climat. L’innovation, c’est la toiture voûtée, d’où le nom de la Voûte Nubienne. Elle est réalisée sans coffrages et permet aux populations d’avoir accès à un habitat bas carbone, bioclimatique, durable, confortable, écologique et économique.Il s’agit pour la Directrice du développement, d’une solution très simple qui répond à des enjeux contemporains nouveaux dans un contexte des changements climatiques. Sans changer fondamentalement ce que faisaient nos grands-parents, il s’agit de répondre à un changement, à une réalité nouvelle permettant un développement économique fort dans les communautés et pour les populations elles-mêmes.
Une pratique partagée par les béninois
Henri Totin, Ingénieur des projets et management de qualité, spécialiste des questions d’économie verte- Président-Fondateur de JEVEV ONG, salue l’initiative de la Voûte Nubienne. « Il estime que le développement durable remet en cause les pratiques de construction du siècle dernier, gaspilleuses en énergie et en paysages, coûteuses en maintenance et destructrices de lieu social ». L’accessibilité à un habitat viable, qui favorise la solidarité, qui soit, efficace sur le plan environnemental, économe en ressources et créateur d’esthétique, est un défi pour nos sociétés contemporaines. Dans une émission consacrée à ce sujet sur la Radio Nationale, un citoyen béninois, confirme le confort et le bien-être des maisons en terre crue. « Mes enfants ne sont plus malades depuis que nous sommes retournés au village après avoir été chassé de l’espace quej’occupais à Cotonou sauf que je ne suis pas prêt à passer ma vie au village ».
Au carrefour de l’écologie et d’un urbanisme en crise, les questions les plus complexes et les plus épineuses qui se posent à l’humanité toute entière au cours du siècle à venir est : comment construire un habitat humain en harmonie avec la nature ?