Charm El-Cheikh/PAMACC: On savait tout du Nil.
Ce fleuve africain apporte aux égyptiens tout ce dont ils ont besoin : de l’eau en abondance, le poisson et le gibier, le papyrus des marécages et bien sûr un sol fertile.
Avec, à peu près, les mêmes potentialités, l’idée que la vallée de l’Ouémé au Bénin vient en seconde position après le Nil est régulièrement soulignée. Aux populations des quatre communes qu’elle couvre, à savoir : Bonou, Adjohoun, Aguégués, Dangbo, la Vallée de l’Ouémé apporte aussi, gît, gibier et couvert et aurait pu faire plus, si les efforts qui sont consentis pour son exploitation ne sont pas souvent limités ou confrontés à d’autres aléas.
Quoi de plus normal alors, qu’une conférence sur le climat, notamment la COP27, qui se tient en Egypte, dans un pays qui abrite le Nil, ne puisse pas susciter les envies des différents maires de ces communes en vue d’aller voir de leurs yeux l’exploitation qui est faite du Nil ? L’enjeu, il est de taille et est en train de se réaliser grâce à Eric Houdo dont efforts pour le développement de sa vallée n’est plus à démontrer.
Thierry Tolégbé, maire de Bonou, François Zannou-Agbo, maire d’Adjohoun, Maoudo Dossou, maire de Dangbo et Marc Gandonou, maire des Aguégués sont depuis quelques jours à Charm El Cheihk, où se tiennent les travaux de la vingt septième conférence sur le climat.
Mais en attendant, qu’ils se rendent dans le bassin du Nil, inscrit à l’agenda de leur voyage, les maires de ces quatre communes de la Vallée de l’Ouémé participent à quelques évènements.
Celui de ce jour samedi 12 novembre 2022 au Africa Pavillon, et auquel ces maires ont pris part, est organisé par la BAD, la Banque Africaine de développement. Il a pour thème : Mobiliser des financements innovants pour construire des systèmes alimentaires résilients et durables sur le continent africain.
L’enjeu de l’évènement
Il s’agit pour la Banque Africaine de Développement, et surtout de son Président, le Dr Akinwumi Adesina, d’attirer l’attention, à l’occasion de cet évènement de haut niveau sur l’adaptation et l’agriculture à la COP27, sur les chocs répétés subis par l’agriculture, ces dernières années sur le continent africain.
Le Dr Adesina en cite trois : « En raison des perturbations de la pandémie de COVID19 et des sècheresses dues aux changements climatiques et puis la guerre en Ukraine, soixante-dix (70) millions d’africains pourraient s’ajouter aux quarante-six (46) millions d’affamés ».
La raison, selon le Président de la BAD, je cite : « De nombreux pays africains dépendent de l’Ukraine et de la Russie pour le blé, le maïs, l’huile de tournesol et l’orge ». Il faut donc renverser la tendance.
« En réponse à cette crise, la Banque Africaine de Développement (BAD) a créé la facilité africaine de production alimentaire d’urgence (AEFPF) pour atténuer les pénuries de nourriture et d’intrants », a indiqué Adesina, au cours de son intervention.
Il faut souligner que l’AEFPF est basée sur le programme phare de Feed Africa, Technologies pour la Transformation de l’Agriculture Africaine (TAAT) qui a permis de fournir des variétés de blé tolérantes à la chaleur, des variétés de maïs tolérantes à la sècheresse et des variétés de riz à haut rendement à onze (11) millions d’agriculteurs au cours des trois dernières années.
Il s’agit, à terme de rendre résilients les systèmes de production en Afrique en vue d’éviter les différents chocs qui viennent le fragiliser.
La finalité de l’évènement
En réunissant autour de lui, plusieurs ministres africains de l’agriculture, notamment, Owosu Afriyie Akoto du Ghana, Ali Ngouille Ndiaye du Sénégal, Abu Karim de la Sierra Leone, Josefa Sacko, le Commissaire pour l’agriculture et au développement rural et puis Anne Beathe Tvinnereim, Ministre du développement International de la Norvège, Adésina, avait à cœur d’envoyer un message fort à la COP27, « le continent africain a besoin de financements supplémentaires pour l’adaptation immédiate à long terme de son agriculture en vue de faire face aux changements climatiques et aux effets de la guerre en Ukraine. »
Il est compris, dès lors, tout le sens du combat de la société civile africaine, principalement, celui de l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA) pour la mise en œuvre à la COP27, du mécanisme de Varsovie sur les pertes et dommages.
C’est une bonne piste pour faire rentrer de l’argent sur le continent, qui sans doute sera orienté vers l’adaptation de son agriculture. C’est, donc, avec beaucoup d’intérêts et de sérieux que les quatre maires de la vallée de l’Ouémé ont suivi ces différents échanges.
Leur rencontre, quoique brève, avec le Président de la BAD, le Docteur Adesina Akinwumi, ont renforcé leurs engagements vis-à-vis de leurs terroirs. Verbatim : « Nous sommes heureux d’avoir rencontré le Président de la BAD et d’avoir eu l’assurance que le Projet d’Appui aux investissements agricoles de la vallée (PAIA-VO) sera renforcé.
Il s’agit, aujourd’hui, de faire en sorte que le Nil et la vallée de l’Ouémé permettent au continent africain d’être autosuffisant », Thiérry Tolégbé, maire de Bonou.
« Dans la vallée de l’Ouémé, il y a des terres qui n’ont jamais reçues un coup de pioche. Il nous faut divers projets de développement pour nous permettre de nourrir les populations de nos contrées. Merci à la BAD et à son Président pour tout ce qu’ils font déjà », François Zannou Agbo, maire d’Adjohoun.
« L’agriculture assure l’alimentation. Et comme l’a dit le Président de la BAD, il nous faut désormais transformer nos produits. Le Nil et la vallée de l’Ouémé ont ce potentiel. On peut avoir du pain à base de manioc et ne pas toujours attendre le blé », Maoudo Djossou, maire de Dangbo.
« Pour assurer l’autosuffisance alimentaire, Je vois jusqu’à quel niveau le financement de l’agriculture est très important. On a eu l’occasion de discuter avec le Président de la BAD, que je remercie pour tout ce qu’il faisait déjà et pour ce qu’il fera surtout pour appuyer les pouvoirs locaux », Marc Gandonou, maire d’Aguégués.
Ainsi, les maires de la vallée de l’Ouémé à la COP27, l’opportunité est unique. Il s’agit de voir et d’apprendre. Il s’agit de faire en sorte que ça ne soit qu’une simple balade et que les retombées soient à la taille de l’enjeu que constitue le développement des communes de la Vallée.